A la tombée de la nuit [Libre]

Sujet: A la tombée de la nuit [Libre] Jeu 30 Juin - 13:47

Le soleil commençait à descendre sur l’horizon et le temps à se rafraichir, lorsque Leanna sortit d’un des bars qui égayaient la place Earthway. Contrairement aux autres jours de la semaine, la jeune fille avait travaillée de jour pour amasser un peu plus de pécule à sa paye du mois. Elle n’était à Glasgow que depuis un mois, mais déjà le besoin d’argent se faisait ressentir, plus pressent. Elle n’avait donc pas eu le choix et avait accepté l’offre de son patron lorsque celui-ci lui avait proposé de travailler la journée entière du dimanche.

Il était presque 21h lorsque la jeune femme sortie du bar-restaurant. Habillée d’un jean noir slim et d’un débardeur de couleur semblable. Frissonnant, elle posa sur ses épaules une veste en laine fine grise et légèrement usée, puis elle s’avança et traversa la rue. D’un mouvement las, elle enleva l’élastique et la pince qui retenaient ses cheveux lorsqu’elle travaillait. Ses traits étaient emprunts de fatigue.

Leanna avait commencé la journée à 11h, et elle ressentait désormais la fatigue accumulée avec les heures et celle que lui avait offerte sa semaine à la bibliothèque. Néanmoins, la jeune femme ne s’en plaignait pas. Elle aimait sincèrement son travail et la bibliothèque qui l’employait était tout simplement magnifique… Il y avait là-bas de véritables perles qu’elle commençait seulement à découvrir et à étudier…

Plongée dans ses pensées, Leanna emprunta un passage piéton pour rejoindre la place en face de son lieu de travail. Évitant de justesse une voiture –qu’est ce que les anglais conduisaient mal-, elle rejoignit le marbre de la Place et se dirigea vers la fontaine. Elle avait beaucoup d’affection pour cet endroit, car dès le soir, il revêtait son habit de lumière et de festivité. Même si elle était peu avenante, la blonde ne pouvait pas non plus se passer de la présence des autres, comme tout être humain. Elle venait donc de temps en temps sur cette place, s’asseyait sur le rebord de la fontaine, là où elle trouvait de la place, et se laissait baigner dans les bruits et les corps.

A peine venait-elle de s’asseoir, son sac à main posé à côté d’elle, qu’elle retrouva l’ambiance qu’elle aimait déjà. Fermant les yeux, la jeune fille s’immobilisa dans une expression de sérénité… Qui fut malheureusement brisée par la sonnerie de son téléphone portable. Le sortant d’un geste brusque, Leanna décrocha et porta l’appareil neuf à son oreille :

« Allo ? Hm… Oui, c’est moi… Vous allez remettre les recherches en route ? Vous avez une piste ?... Oh… Oui, je vois… Et bien, ils étaient partis vers l’Île du Man sur les traces de Légendes Celtes… Oui, je le conçois… Merci, Mr. L’agent. Au revoir, à vous aussi… »

Écartant l’appareil –qui lui avait couté une partie de ses économies malheureusement- de son oreille, Leanna le fixa, le regard perdu et mélancolique. Oubliant peu à peu la foule et l’ambiance joyeuse qui l’entouraient, la jeune femme laissa son visage tourner vers une nostalgie aux bords de tristesse…

La journée s'achevait avec lenteur, au moment où Abel surprit la conversation -ou du moins les mots qu'avait prononcé Leanna. Une sacré coïncidence, s'il en était… Quoiqu'il ne connaisse pas la jeune femme, ses paroles -elles- lui rappelaient vaguement quelque chose. Haussant les épaules, il se rappela au final que la recherche sur papier n'était pas de son ressort. Il allait tourner les talons, lorsqu'il se souvint de la dure réalité: il marchait depuis déjà plusieurs dizaines de minutes, et n'avait pas fait attention au chemin emprunté pour avoir accès à cet endroit.

Se repliant donc sur le seul choix à peu près raisonnable qui lui restait, le jeune héritier de la famille Zénon revint sur ses pas pour adresser la parole à cette personne seule. En y regardant de plus près, il lui vint une tout autre constatation à l'esprit: Elle était plutôt jolie, cette demoiselle qui avait attiré son attention. C''est donc avec son perpétuel sourire qu'il s'assit à ses côtés sans en demander la permission, sa voix séduisante de jeune homme expérimenté faisant office de conducteur. Son regard hypnotique faisait le reste, détaillant chaque trait de son visage…

" Des légendes celtes, hein? J'en connaissais, dans le temps… Enfin, des contes pour enfants surtout. Ils recherchent le marteau d'Odin, ou la lance de Thor? "

Comme d'habitude, Abel faisait preuve d'une forte propension à oublier tout ce qui ne l'intéressait pas réellement, ou ce qu'il ne jugeait pas un tant soit peu capable d'intervenir dans sa vie. Il était donc quelque part logique de le voir inverser les deux armes du père et du fils d'une mythologie qui n'avait par ailleurs rien à voir avec le peuple dont elle parlait. Elle devait le prendre pour un fou… Et quelque part, c'était quelque chose de relativement proche, dans la mesure où il montrait -encore- un air innocent désarmant, cela sans compter une ambiguïté dans son sourire charmeur. Comme souvent, la comparaison venant directement à l'esprit de ceux qui ne le connaissaient guère refit surface: Etait-il un de ces diables déguisés en père noël? Dans tous les cas, il ne pouvait décidément pas sembler dangereux, avec son air un peu trop angélique et ses vêtements assez moulants pour ne pas pouvoir camoufler d'arme d'aucune sorte.

[Hors-RP : Désolée, je suis rapide mais j'ai rien d'autre à faire alors j'en profite What a Face

. J'espère que ca t'ira]

Leanna s’était réellement perdue dans ses pensées. Si bien et si loin, qu’elle ne réagit pas vraiment lorsqu’on vint se mettre assis à côté d’elle. On aurait pu vouloir lui voler son sac à main, l’agresser ou toutes autres idioties de la sortes qu’elle ne se serait peut être pas réveillée à temps. Ce soir-là, on ne chercha pas à lui faire de tort et ce fut finalement une bonne chose. Perdue dans ses songes, elle essayait de comprendre ses parents, leur trouver une raison à cette disparition et surtout conserver en elle la flamme de l’espoir de les revoir vivants…

Néanmoins, elle finit par revenir à elle. La raison à ce revirement ne fut qu’une phrase prononcée à côté d’elle par une voix agréable. Fermant et rouvrant rapidement ses paupières, la jeune femme se rendit compte qu’elle contemplait un inconnu sans même s’en rendre compte. Elle retint un sursaut mais ne put empêche la surprise puis le doute envahir successivement les traits de son visage. L’air du jeune homme qui lui avait parlé réussit tout de même à calmer le côté revêche de Léanna. Son visage s’apaisa un peu alors qu’elle détournait les yeux, un peu tendue tout de même.

Le jeune homme était impressionnant par son charme et sa beauté. Il semblait totalement avenant et doux, et pourtant, il venait de prouver qu’il avait écouté une conversation qui ne le regardait pas et, pire encore, qu’il s’en mêlait sans demander une permission. Ne sachant comment réagir vraiment face à cet inconnu, Léanna ne put empêcher ses yeux de venir scruter à nouveau ce visage anonyme. Ses paroles prirent enfin forme dans son esprit et la surprise teintée de moquerie passa dans ses yeux alors qu’elle répondait lentement d’une voix d’alto :

« Je pense que tu ne dois pas être un spécialiste dans la matière car ces deux mythes appartiennent aux légendes nordiques et que le marteau appartient à Thor et la lance à Odin, si je ne me trompe pas… »

Un sourire joua sur ses lèvres alors qu’elle détournait à nouveau les yeux en jouant distraitement avec le portable qu’elle tenait toujours dans ses mains. Elle ne connaissait pas la mythologie nordique parfaitement mais son incroyable curiosité l’avait quelques fois poussée vers ces légendes. Et justement, cette curiosité maladive était en train dans refaire des siennes. Ramenant ses jambes frêles contre sa poitrine, pieds sur la rambarde où elle était assise, Léanna posa sa tête sur ses genoux et contempla le jeune inconnu. Ses lèvres s’entrouvrirent à nouveau et elle demanda, curieuse et un peu en retrait, comme inquiète d’être indiscrète :

« Mais pourquoi donc cette question ? Tu n’es pas du genre à t’intéresser aux légendes celtes, non ? C’est quoi, ton truc toi ? »

Un nouveau sourire égaya légèrement ses lèvres et ses yeux brillèrent d’amusement. Elle se sentait bien, même si par habitude elle n’aimait pas spécialement parler avec les autres. A croire que cet étranger savait faire office de son charme.

Tout dans le langage corporel de Leanna signifiait qu'il avait décroché le gros lot: Une personne capable de l'écouter et de lui parler sans prendre peur malgré un abordage un peu étrange, et de surcroit d'une beauté digne de lui -haha. Lorsqu'elle lui fit part de son erreur avec une légère moquerie dans le regard, contrairement à ce que l'ont aurait pu attendre de quelqu'un d'autre -des joues rougissant et un vague bégaiement, il claqua des doigts, en élevant la voix de façon un peu trop forte au gout des pigeons alentour.

" Voila, c'est ça! Désolé, j'ai confondu. "

Lorsqu'elle ramena ses genoux sous son menton pour le regarder, il se laissa submerger par cette vision à la fois captivante et amusante. Abel aurait probablement pris une photo s'il avait pu, mais il n'en avait pas la possibilité matérielle -et la jeune femme ne serait probablement pas d'accord. Il ne savait pas vraiment pourquoi son regard l'attirait autant… au final, peut être avait-il été attiré par Leanna elle-même, et non par sa conversation? Le fait qu'elle se soit mise naturellement à le tutoyer lui plut tout de suite, il se sentait déjà proche d'elle sans même connaitre son nom. Lui aussi sentant le besoin de changer un peu de posture pour mieux regarder celle à qui il parlait, il ramena sa jambe droite pliée sur le bord de la fontaine, entourant son genou de ses deux mais entrecroisées: Une position confortable et pratique qu'il appréciait beaucoup… Et mettait plutôt bien en valeur son corps, puisque tendant sa chemise u point de lui faire mouler ses muscles fins et délicats. Pas un seul instant, il ne chercha à nier qu'elle avait raison sur son compte.

" Ah, oui. Moi, je suis plutôt mythologie grecque, et ce qui s'y rapporte… Mais ce n'est qu'un passe-temps, à la base je sis journaliste international. Ah, mais je me suis pas encore présenté, pardon! Je m'appelle Abel, Abel Zénon. Enchanté. "

Sur ce, il tendit la main vers Leanna, attendant poliment qu'elle la prenne (ou qu'elle lui crache dessus, mais il y avait peu de chances). Lorsque leurs doigts entrèrent en contact, il porta la main de la jeune femme à sa bouche, y déposant un léger baiser électrisant. Encore une vieille habitude bizarre, qu'il avait en premier lieu acquise en Angleterre, en vivant parmi la haute société pendant quelques temps.

[HRP: Il est évident que si la fin ne te va pas puisque j'ai pris la liberté de faire jouer un peu Leanna, je la modifierai dans la minute qui suivra ta demande ^-^]

[HRP : Tout me va, t'inquiète 8D]

Leanna avait été surprise par la réponse du jeune homme. Pensant qu’il avait juste parlé sans savoir, pour attirer son attention ou autre chose, il reconnut simplement son erreur et accepta sa rectification sans discuter. Même le ton qu’il avait employé était amusant et, dans le fond, un peu rassurant. Il semblait différent de la foule et, juste pour cela, Leanna se sentit un peu plus en confiance. Le sourire qui s’était dessiné sur ses lèvres y resta et vint égayer un peu son visage si pâle.

Le jeune homme changea alors de position. Ramenant une jambe près de lui et y scellant ses mains, il adopta une posture assez surprenante, voir un peu bizarre, mais qui, finalement, le mettait en valeur. La jeune fille ne put empêcher son regard de le détailler puis détourna les yeux, gêné de le regarder ainsi. On ne l’avait pas élevée ainsi et elle était encore pourvue d’une sacrée politesse intérieure qui lui permettait de se présenter devant les gens comme une personne des plus civilisées. Il fallait avouer que cela l’avait même avantagée dans son métier et ses études.

La blonde laissa son regard se perdre dans la foule qui l’entourait. Il y avait un peu trop de monde pour qu’elle soit totalement calme mais la présence de cet inconnu pesait quand même sur elle et l’entrainait vers une certaine sérénité. Lorsqu’il ouvrit à nouveau la bouche, il capta son regard en même temps. Ses mots tirèrent un nouveau sourire à la jeune femme mais elle n’eut pas le temps de répondre. En effet, le dénommé Abel lui tendit la main. Imaginant qu’il voulait sceller leur ‘rencontre’ par une poignée de main, Leanna lui offrit sa main droite et se vit offrir en échange un baisemain. Un frisson remonta le long de la colonne vertébrale de la jeune fille alors qu’elle récupérait sa main, surprise, perdue mais aussi amusée.

« Eh bien, Abel Zenon, tu as bien drôles de manières. J’ai cru un instant que l’on m’avait envoyée tout droit sous le règne des Rois ! »

Un rire s’échappa de sa gorge alors qu’elle planta ses grands yeux bleus dans les siens, sombres. Son rire ne dura pas longtemps mais lui redonna un peu de couleur. Elle ne rompit pas le contact visuel tout de suite, réfléchissant un instant. Finalement, elle revint sur ses dernières paroles et ajouta, pour plus de politesse et d’égalité :

« Je suis enchantée de te rencontrer, monsieur le journaliste. Pour ma part, je me prénomme Leanna Siohan, archiviste à la bibliothèque de l’Université de Glasgow et serveuse à mes heures perdues… »

Avec un nouveau sourire, elle désigna le bar-restaurant derrière elle, où elle bossait, tout en prononçant ses mots. Ses yeux papillonnèrent alors qu’elle réprimait un bâillement aux vues de la nuit qui commençait à bien tomber. Elle dissimula son visage contre ses jambes relevées un instant, comme pour se réveiller un peu plus et redressa la tête avec des petits yeux. Elle demanda, curieuse :

« La mythologie grecque est donc une de tes passions ? Quoi par exemple ? Le Foudre de Zeus et le Trident de Poséidon ? » elle profita un instant de ses mots puis ajouta en riant « Non je ne suis pas une passionnée mais il me reste un peu de mémoire de mes longues années de grec et latin de la faculté. »

Le sourire qui flottait sur les lèvres de Leanna plaisait au jeune homme, il ne pouvait faire autrement que de l'avouer… D'un autre côté, il savait aussi que ce genre d'idées pouvait le mener à des endroits dangereux, ce qu'il s'était juré d'éviter. En imaginant qu'il veuille lui faire plaisir -bon okay il le voulait déjà, il pourrait se voir forcé d'aller dans la bibliothèque ou elle travaillait pour une raison ou pour une autre… L'horreur, pour quelqu'un comme lui! Enfin… Première personne de Glasgow à qui il parlait depuis un moment, il n'allait tout de même pas laisser tomber l'idée de passer un peu de temps avec une belle jeune femme instruite à cause de son travail. Lorsqu'elle commenta ses manières, il ne put s'empêcher d'éclater d'un rire franc et communicatif.

" Désolé, c'est une vieille habitude que j'ai prise à Londres. Ne le prenez surtout pas mal, c'est un moyen courant de saluer une femme de la haute société la bas… Disons que pour moi, c'est plus naturel maintenant. "

Lorsqu'elle évoqua son second travail, cependant, il ne put s'empêcher de hausser un sourcil interrogateur. Certes lui était parfaitement à l'abri du besoin entre son travail et la richesse de sa famille, mais il avait un peu de mal à comprendre comment quelqu'un pouvait en exercer deux, surtout de natures aussi différentes. Il allait poser la question, mais se ravisa pour un peu mieux formuler ce qu'il allait dire. Comme toujours, son innocence avait bien failli lui en faire dire trop, il préférait pour le moment cacher qu'il était plus riche que simplement aisé.

" Je ne pensais pas que les archivistes étaient si mal payées, surtout quand elles sont aussi jolies que toi… A moins que le métier de serveuse soit un plaisir à côté, bien sur. "

La curiosité dont fit preuve Leanna n'ennuya en rien Abel, qui n'avait pas de problèmes majeurs quand à parler de lui-même… Evidemment dans ce cas c'était un peu différent puisqu'il n'aimait pas afficher son porte-monnaie, heureusement donc qu'elle ne lui postait que des questions logique et auxquelles il pouvait répondre sans vraiment se casser la tête -bien qu'en restant prudent. Sa famille passait beaucoup de temps à rechercher des informations, et il n'était pas question de prendre le risque d'en divulguer dans un endroit si fréquenté et à une personne qu'il n'avait rencontré que quelques minutes plus tôt.

" J'ai dit que c'était un passe-temps très chère, jamais que je cherchais des reliques de cette période. En fait, je suis plutôt du genre à faire descendre en flèche des réputations usurpées, je venge la veuve et l'orphelin, je fais tomber des têtes avec mon appareil photo, ce genre de choses. Bon évidemment si je tombe sur un souvenir intéressant je l'embarque, mais je ne m'en vante pas trop. Figure toi que je possède une petite statuette d'Athéna sculptée dans du marbre rose, et que je l'ai ramassée dans les ruines d'un vieux temple chinois. Ca aurait été un crime de laisser une curiosité pareille sur place. "

Et la, quoiqu'il ne mentait pas, il pouvait sembler évident à n'importe quelle créature vivante qu'il ne disait pas tout… D'un autre côté, il avait plutôt intérêt à ne pas trop parler non plus. Ses parents étaient sévères, mais la police et les gouvernements l'étaient encore plus. Il était certain que quelqu'un dénonçant un pilleur de tombes, même si la rapine était mineure et que le coupable brillait de candeur, recevrait une récompense… Et lui, un certain temps derrière les barreaux. On ne plaisante pas vraiment avec les incidents diplomatiques, de ce côté de l'océan.

[HRP : Pas super mais j'suis pas en super forme, désolée =/]

La réponse que lui donna Abel sur ses manières de l’aristocratie anglaise amusa Leanna. Elle ne trouvait pas ça trop ou pompant mais juste amusant et nouveau. Elle était du genre à voir l’anticonformiste d’un bon œil et même de s’en amuser. Après tout, tout ce qui la surprenait la tirait un peu plus de son quotidien. Et quiconque réussissait cet exploit était digne de converser avec elle, jeune fille qui pourtant n’aimait pas aller autant vers les autres…

Leanna resta cependant silencieuse, toujours amusée, mais aussi intriguée par la foule qui commençait à s’agiter. Son regard lâcha le jeune homme pour chercher la raison de cette agitation fortuite. La réponse se fit vite savoir : un groupe ambulant de ‘clown’ s’avançait parmi les badauds en jouant avec des quilles enflammée et autres cracheurs de flammes. Perdant son sourire, Leanna les surveilla du coin de l’œil tout en écoutant à nouveau le jeune homme parler… Elle n’aimait pas le feu et encore moins que l’on s’amuse avec cette chose dangereuse en présence d’enfants.

« Archiviste débutante, aurais-je du le préciser ou biens je fais si vieille que ca ? Non, je ne cumule pas deux jobs pour le plaisir d’être fatiguée mais bien parce que je n’ai pas le choix. Nous dirons juste que j’ai eu de très grosses dépenses et changements ces derniers mois et que je dois continuer à alimenter certaines dépenses… »

Elle était mystérieuse sans vraiment le vouloir. Parler de ses parents était encore trop dure pour elle, même si elle était persuadée qu’ils étaient toujours en vie. Et elle ne voulait pas attirer l’attention sur elle. Une disparition, un déménagement, le retour d’une totale solitude dans un pays qu’elle ne connaissait pas ; tout ceci était aussi inutile que bête à raconter.

Leanna n’avait même pas relevée le compliment. A vrai dire, elle l’avait évincé sans même s’en rendre compte. Elle ne portait pas grand intérêt à ce genre de choses, que ce soit vrais ou faux. Elle se fichait d’être belle ou pas, temps qu’elle restait elle-même. Abel reprit la parole et réussit même à lui faire tourner la tête vers lui. Comme une enfant attentive, elle l’écouta silencieusement et un sourire moqueur déchira ses lèvres.

« Oh je vois ! Tu es le reporter en or, en faite ! Ahlalala, il faut que je lise tes articles alors, je serais surement intéressée… »

Elle disait la vérité. Leanna n’était pas vraiment en froid avec la presse, mais les fausses vérités et les idioties qu’elle voyait ou lisait sans cesse l’avait éloignée de ce monde. Elle avait vraiment envie de découvrir le travail du jeune homme et peut être même renouer avec ce monde, qui savait…

« Tu l’as ramassé, hein ? Et ces chinois t’ont gentiment cédé leur trouvaille ? »

Un rire s’échappa à nouveau de sa gorge. Elle se moquait de lui, pour sûre. Elle se fichait bien que ce soit ‘voler’ plus qu’acheter ou autre chose. Elle avait vu ses parents le faire et l’avait fait aussi lorsqu’elle en jugeait le besoin. Pour des perles de la culture celte, et qui sait, peut être pour celle grecque ou latine, elle était prête à tout. Sauver une pièce pour la tirer de la destruction ou de l’oublie, c’était quand même un beau geste.

Adressant un clin d’œil complice au jeune homme –elle ne voulait pas passer pour une méchante moqueuse-, elle retourna son attention sur les jongleurs de feu.

[Hrp: Désolé du retard >.>]

S'apercevant du malaise de Leanna, le jeune Zénon suivit son regard vers la troupe qui troublait la quiétude de la place. Lui n'avait rien contre le feu, sachant qu'il ne risquait pas d'y avoir de gros accident dans un lieu aussi fréquenté... Par ailleurs, il voyait bien qu'il ne devait surtout pas succomber à quelque faiblesse que ce soit, comptant bien profiter à fond d'un séjour tranquille, sans le moindre remous, à Glasgow. C'est donc avec un léger sourire amusé qu'il observait les jongleurs, écoutant cependant avec attention son interlocutrice… Ce qu'elle lui dit l'intrigua un peu: Comment pouvait-elle contracter des dettes, à son âge? En général, pour que quelqu'un daigne prêter de l'argent -surtout les banques, il s'assure que la personne possède assez de ressources pour le rembourser… Visiblement, ce n'était pas le cas.

" Et avec des taux d'intérêts monstrueux, je suppose… Enfin, je peux comprendre ça, je me suis bien prostitué moi à une époque. "

Véridique… Cela étant, il n'avait évidemment pas pris en compte, avec son innocence habituelle, qu'il pouvait avoir été mal compris. Effectivement, il avait bien "loué son corps", mais uniquement dans un but avantageux pour lui, et de façon parfaitement hétérosexuelle sans la moindre humiliation. Gigolo de luxe, en quelque sorte… Lorsqu'elle lui lança une pique sur son travail, il ne put -une fois de plus- retenir un rire franc et chaleureux.

" Ca dépend, si tu fais partie d'une secte, si tu fais travailler des enfants dans le tiers monde, ou même si tu montes un trafic de livres interdits aux mineurs dans ta bibliothèque, tu pourrais vite me détester. Après tout, faire tomber des têtes c'est mon boulot. J'ai même truqué des photos, une fois… Je n'arrivais pas à prendre ce dealer en flag, donc bon. "

Une preuve de plus pour corroborer ce que tout le monde pouvait sentir chez lui: Une zone d'ombre dans le tableau parfait de ses qualités, un vice à la fois connu et inconnu, l'esprit même d'un petit grain de sable dans une machine parfaite. Incapable (ou presque, faut pas abuser) de faire du mal, il ne semblait pas toujours capable de discerner le légal de l'illégal ou le moral de l'immoral pour parvenir à ses fins. Selon lui, cependant, tant que la culpabilité de sa cible était avérée, les moyens importaient peu tant qu'ils n'impliquaient personne d'autre (du moins de son côté). En revanche, la dernière phrase de la jeune fille lui fit perdre son sourire, le ramenant à une expression faciale rare de mécontentement.

" J'ai vécu les pires jours de ma vie à ce moment là… Pendant que ma famille prenait l'avion, moi j'ai dû passer la frontière d'une façon plus… discrète. Ce souvenir m'a vraiment coûté cher… Sans compter la fatigue, j'ai ramé et écopé longtemps. Saleté de rafiot en carton… "

La foule bougeait au rythme des danseurs de flammes, hypnotisant Leanna. Le feu était beau, elle ne pouvait que le reconnaitre. Néanmoins, elle le craignait, et cela pour d’anonymes raisons. Chaque être vivant possédait bien des peurs inexpliquées, non ? Et bien chez Leanna, le feu en faisait partie. Qui sait, un psychologue aurait peut-être émis l’hypothèse d’un traumatisme d’enfance… La jeune femme, elle, s’en fichait bien, temps qu’elle n’avait pas besoin de trop s’approcher de cet élément.

Abel répondit simplement à sa remarque. Ah, les dettes… La blonde avait été abattue de devoir emprunter de l’argent pour lancer les recherches pour retrouver ses parents. Et cela l’avait rendue malade de voir ce qu’elle allait devoir rendre. C’était aussi pour ca qu’elle bossait non-stop, quitte à en tomber de fatigue. Néanmoins, la remarque du jeune homme la laissa muette. Prostitution ? Mais quel genre, hein ? Parce que finalement, beaucoup de chose pouvait être considéré comme tel. Et pour quelles raisons ?! Leanna mura ses lèvres entre elles et se retint de poser la question, de peur de le blesser ou de se mêler d’affaires qui ne la regardaient pas…

Lentement, elle lâcha les jongleurs de vue –ils étaient encore suffisamment loin pour qu’elle puisse les ignorer- et tourna la tête vers le jeune homme. Même si elle s’était tu, ses yeux étaient emplis de curiosité et de surprise qu’elle ne pouvait pas dissimuler. Oui, s’il y avait une partie d’elle qui ne mentait jamais, c’était bien ses deux orbes aux couleurs de mer. Vint l’explication de son métier. Cela tira un ricanement amusé à la jeune fille qui répliqua, joueuse :

« Oh bien sur, c’est tout à fait mon genre, de faire ce genre de chose ! J’adore voir les enfants exploités crever de faim pour faire des chaussures bon marchés ! » L’ironie froide teintait sa voix. Elle haïssait vraiment ce genre de choses. « Chacun sa méthode, mais si c’est pour faire tomber ce genre de personne, je n’y vois rien à redire… Enfin, je vais essayer de trouver un de tes articles, parce que je sens que je vais aimer. »

Le sourire franc qui illumina son visage clamait à qui voulait le voir qu’elle parlait le plus sincèrement du monde. Curieuse de nature, elle avait vraiment envie de voir ca et de, enfin, retrouver confiance en la presse. Néanmoins, alors qu’elle se moquait gentiment, elle vit le jeune homme perdre son beau sourire et le mécontentement gagner ses traits. Elle-même redevint lentement sérieuse alors que ses yeux se teintaient de désolément. Jamais elle n’avait voulu faire un mauvais pas. Surtout envers ce jeune homme qui lui semblait si charmant.

« Je… » Elle s’interrompit, cherchant les bons mots, mais abandonna bien vite. Elle parlait si peu avec les autres qu’elle ne savait pas dire les choses correctement. Elle choisit la franchise, espérant qu’Abel la pardonnerait pour ses mots sans belle tournure. « Je suis désolée de t’avoir rappeler ce genres de mauvais souvenirs. Ce n’était pas dans mon intention, mais je suis superbement douée pour ce genre de faux-pas… »

Sa tête se tourna lentement vers le sol ainsi que ses yeux. Elle se sentait stupide et gênée. A vrai dire, elle n’aimait pas ce genre de situation, parce qu’elle devenait encore plus gauche que d’habitude… A quelques dizaines de mètres, elle entendait toujours les jongleurs et la foules, mais elle n’arrivait même pas à y faire attention.

Tandis qu'elle réfléchissait, Abel ne pouvait quand à lui s'empêcher de déchiffrer les sentiments qu'elle éprouvait à l'aide de ses expressions faciales. La voir se retenir de parler ne l'étonna pas outre mesure, lui aussi arrivait parfois à éviter de parler de sujet qu'il jugeait trop sensibles… Cela étant, l'air gêné qu'elle arborait l'ennuyait un peu: Si il y avait bien quelque chose qu'il ne voulait pas, c'était bien être envahissant. Fort heureusement pour lui, elle enchaina relativement vite sur ses paroles à la fois joueuses et réelles. Son air ironique l'amusait, puis son ton sérieux lui fit comprendre qu'elle prenait à cœur un sujet qui, pour lui, était devenu quelque chose de tristement courant. Ne sachant pas vraiment Si elle plaisantait malgré son air sérieux, il choisit simplement de prendre ce qu'elle disait pour argent comptant, se demandant sur lequel de ses articles elle allait tomber. Tant qu'elle ne cherchait pas son casier judiciaire… Il eut un sourire plutôt engageant en y repensant.

" D'abord, les chaussures dans ce cas sont rarement bon marché, ensuite… Et bien, je te conseille celui sur un des cadres de l'entreprise Madock, c'est un de mes meilleurs dossiers photos. "

Lorsqu'il vit l'air de Leanna changer, il comprit également qu'il avait laissé filtrer une ambiance pesante sans le vouloir… Certes ses mots avaient été plutôt secs, mais il ne s'était pas rendu compte qu'il les avait prononcés avec assez de froideur pour gêner la jeune femme. Il comptait par ailleurs bien rattraper le coup, avant d'entendre ce qu'elle ajouta avec panique… Mais choisit finalement de retrouver une expression faciale depuis longtemps oubliée, à ma chemin entre l'indulgence et la gêne -d'ordinaire, il utilisait ce faciès craquant pour draguer. Sa voix se fit plus douce et chaleureuse encore, en choisissant de s'aider d'un geste familier qui pourrait éventuellement détendre l'atmosphère. Ebouriffant les cheveux de son interlocutrice, il lui répondit avec douceur.

" Mauvais souvenir oui, mais c'était le prix à payer pour ce que j'ai rapporté. Un jour je te la montrerai si tu veux… Tu verras, cette statuette en valait la peine. D'ailleurs, moi aussi je suis très doué pour me mettre les deux pieds dans la bouche en même temps, alors j'aurai du mal à t'en vouloir. "

Pure vérité, faits éclatants, réalité divine… Fort heureusement, il avait toujours su user de sa beauté et de son charme pour s'en sortir (sans compter un brin d'intelligence). En l'occurrence, celle-ci lui dictait de ne pas laisser Leanna s'apitoyer sur sa boulette qui n'en était pas une.

" Bon, donc tu travailles d'arrache-pied pour rembourser tes dettes… Si tu veux, j'peux te faire entrer dans le réseau de prostitution de luxe dans lequel j'étais? Je me suis bien amusé, et j'ai appris beaucoup de trucs. "

Un large sourire dégageait enfin son visage si fin et franc, qui ne semblait vraiment pas fait pour faire montre de mauvaise humeur plus de quelques minutes -malgré qu'il soit capable d'une sacrée dose de rancune.

Leanna s’était légèrement détendue lorsqu’elle avait compris que le jeune homme ne semblait pas lui en vouloir à elle. Peut être était-ce ses souvenirs qui avaient ainsi refroidis son regard et sa voix. A vrai dire, s’ils étaient aussi mauvais qu’elle le pressentait, elle pouvait bien comprendre ce genre de réaction. A sa place, elle aurait bien été capable de prendre la fuite ou de devenir vraiment glaciale. Oui, là aussi, elle tenait en elle un sacré mauvais défaut. Avec le temps, elle avait appris à faire avec (voir même à éviter les autres pour ainsi esquiver les mauvais souvenirs).

Au même instant Abel reprit la parole pour l’aiguiller sur un de ses articles qu’il pensait le meilleur. Habituée à utiliser son esprit, la blonde nota le sujet dans sa tête et se promit de faire des recherches pour le trouver et le lire. Avec un peu de chance, elle aurait tout juste le temps de faire ça, le lendemain en sortant de son boulot… Ouais, elle savait qu’elle trouverait le temps !

« Dans tous les cas, c’est de l’esclavagisme, donc on ne devrait même pas acheter ces fameuses chaussures… Enfin faudrait-il le savoir aussi. »

Un sourire triste égaya un instant ses lèvres puis elle hocha la tête pour dire, sans mot, qu’elle lirait cet article. Ensuite, son regard se tourna un instant vers les jongleurs où elle découvrit qu’ils s’étaient rapprochés. Beaucoup… trop ? Secouant légèrement la tête pour chasser cette pensée, la jeune femme braqua son regard sur le jeune homme qui avait un sourire enjôleur sur les lèvres et qui parla à nouveau, d’une voix charmante et douce. Elle se sentit apaisée.

« Je serais très curieuse de la voir, en effet. En plus d’aimer beaucoup les perles du monde entier, je reste friande de l’art grec… Enfin, je suis heureuse que tu ne m’en veuille pas… Je me serais sentie mal d’avoir fais un faux-pas encore une fois. »

La moue qu’elle lui adressa était à mi chemin entre l’amusement et une certaine consternation face à son caractère si emprunt à gaffer en présence d’autres personnes. Néanmoins la jeune femme n’eut pas vraiment le temps d’y songer car Abel enchaina sur un autre sujet. Les dettes. Enfin, les siennes… Il lui proposa d’entrer dans le réseau de prostitution qui l’avait laissée sans voix tout à l’heure. La jeune femme le contempla un instant, perdue face à la réaction qu’elle devait avoir. Finalement, elle retrouva le sourire et répondit, rieuse :

« Ahh, tout ce qui peut m’aider financièrement ne serait pas de refus mais j’ai peur qu’en enchaînant sur un troisième job, je tombe d’épuisement. Déjà là, retrouver mon lit est un bonheur suprême ! »

Elle répondit à son sourire par un sourire encore plus éblouissant. Au même instant, à quelques mètres d’elle, elle entendit la foule se lever, bouger et crier. Sursautant, elle tourna la tête et changea brusquement d’attitude. Se relevant souplement et surtout rapidement, elle se tourna vers Abel et lui demanda avec un sourire désolée et nerveux :

« Envie de marcher ? Je subitement le besoin de me dégourdir les jambes et de voir autre chose que cette grande et magnifique place… ! »

Elle était moqueuse. Envers elle-même, car elle s’avait que sa tension était perceptible malgré ses efforts et qu’il n’était pas dur de savoir qu’elle était ainsi crispée à cause des jongleurs. Quitte à passer pour une idiote, elle préférait le faire par l’autodérision. Et puis, même si elle avait envie de fuir cet endroit, elle voulait vraiment continuer à discuter avec ce presque inconnu qui avait ainsi attirer son attention.

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